dimanche 9 mars 2014


Concert 16-17 mai 2014 
Salle des États de Provence

L'Association Musique et Médecine au Pays d'Aix organise un nouveau concert

vendredi 16 mai (21 heures) et samedi 17 mai (18 heures) 2014

En première partie, le Docteur Patrick SALZE sera associé à Jean-Pierre DEVESA, au violoncelle, et Jean-Pierre ROUBIN, violon, ainsi que, pour la première fois, Laurent COLAS, au violon, et Sylvie LEROY à l'alto, tous musiciens amateurs de grand talent.

Ils interpréteront le Quintette en sol mineur de Dmitri CHOSTAKOVITCH. 

La deuxième partie vous sera proposée par notre ami Yannis BOUVET qui vous proposera de nouvelles compositions et interprétations, toujours aussi virtuoses et d'une extrême sensibilité, utilisant les possibilités de ce merveilleux instrument qu'est le piano.

La musique de Chostakovitch n'est pas celle à laquelle Musique et Médecine vous a habitué.
Depuis plus de vingt ans, nous vous avons interprété beaucoup de musiciens classiques ou romantiques, quelques modernes du début du 20ème siècle (avec Debussy et Chabrier), des incursions chez des contemporains « classiques » (Piazzola, Georges Delerue, Peter Ludwig), une seule d'un musicien résolument contemporain avec Darius Milhaud.
La musique de Chostakovitch ne peut pas vraiment s'apprécier sans connaître sa vie et le contexte dans lequel il composait. En voici un bref résumé.


Dmitri Chostakovitch est un compositeur russe dont la création artistique et le style d'écriture étaient en lien avec la révolution bolchevique et l'instauration du parti communiste en Russie, une nouvelle forme de société de type stalinienne où la musique russe classique et traditionnelle doit être un porte-parole de l'idéologie soviétique.
Dmitri Chostakovitch, né en 1906, appartient à une famille originaire de Sibérie, où son grand-père paternel, révolutionnaire polonais, avait été déporté. Son père était un collaborateur du chimiste Mendeleïev (et son célèbre tableau des éléments). Sa mère, pianiste professionnelle, veille à l'éducation musicale de ses trois enfants. À cause du meurtre d’un de ses amis par la police du Tsar, Chostakovitch adhère rapidement aux idées révolutionnaires. Il entre à 13 ans au conservatoire de sa ville natale devenue Petrograd. En 1922, il y obtiendra la note maximale en épreuve de composition de la part du directeur de l'établissement, Aleksandr Glazounov. Il a alors18 ans, son père meurt et Dimitri gagne sa vie en accompagnant des projections de films au piano.
À 19 ans, il compose sa première symphonie qui connaît un grand succès dans le monde entier et lui assure une aisance économique. Il reçoit de nombreuses commandes émanant directement du parti. Il doit alors faire le grand écart entre deux positions a priori incompatibles : son statut de compositeur officiel, contraint de composer avec la ligne dictée par le régime, et ses propres aspirations de compositeur d’avant-garde. Il compose beaucoup de musiques de films et dessins animés (plus d'une trentaine dont le Cuirassé Potemkine).

Son opéra Le Nez, tiré d'un livret de Nicolas Gogol et créé en 1930, connaît un immense succès populaire, avant d'être critiqué et interdit, considéré comme le produit d'une bourgeoisie décadente.
En 1936, il se voit violemment critiqué par un article de la Pravda (écrit très probablement par Staline lui-même) qui parle du « galimatias musical » de son opéra Lady Macbeth du district de Mzensk, « anti-réaliste », anti-populaire, vulgaire et souvent atonal. Chostakovitch est alors présenté comme un « ennemi du peuple ». Le compositeur avait fait l'objet d'un premier interrogatoire politique (on était en pleine terreur stalinienne). Le second et dernier interrogatoire devait avoir lieu deux jours plus tard, un lundi, avant une déportation quasi certaine. Dimitri Chostakovitch se présenta le lundi, mais l'officier en charge de son dossier avait entre-temps été exécuté. A partir de cette période, il s'attend sans cesse à être arrêté, persécuté, déporté, et prend l'habitude de dormir tout habillé avec une petite valise tout à côté car il pense qu'on va venir le chercher. Il est renvoyé des deux charges d'enseignement qui étaient les siennes, l'une au conservatoire de Leningrad, l'autre au conservatoire de Moscou.
Obligé de faire des concessions, Dimitri Chostakovitch compose alors ses Symphonies n° 5 (1937), n° 6 (1939), n° 7 (1942) qui reçoivent l'aval du parti communiste. Réhabilité en 1941, il est nommé professeur au conservatoire de Leningrad et reçoit le prix Staline pour son Quintette avec piano.
Le 9 août 1942, sa septième symphonie dite de Leningrad est jouée dans la ville assiégée depuis 1 an par les nazis, où il sert dans le corps des sapeurs pompiers.
En 1948, Andreï Jdanov prononce un réquisitoire contre le formalisme qui vise particulièrement Chostakovitch, Prokofiev et Khatchatourian présents dans la salle, leur reprochant de « remplacer la musique naturelle, belle, humaine, par une musique fausse, vulgaire, parfois simplement pathologique ». Il doit faire alors, à plusieurs reprises, son autocritique et perd sa place de professeur, pour ne retrouver un poste qu'en 1961. Son fils Maxime est même contraint de le condamner publiquement.
Prokofiev - Chostakovitch - Khatchatourian
Chostakovitch rentra alors dans le rang en composant quelques pièces à la gloire de Staline et une des plus acerbes satires dans l'histoire de la musique mondiale : Le petit Paradis antiformaliste qui ne verra le jour qu'après la déstalinisation.
Dimitri Chostakovitch est à nouveau réhabilité en 1958, pendant la déstalinisation, et en 1966, il est le premier compositeur à recevoir le titre de Héros du travail socialiste. Il décède le 9 août 1975 à 69 ans.

Dimitri CHOSTAKOVITCH a produit une forte influence morale sur ses contemporains. A l'époque cruelle du stalinisme et du nazisme, le compositeur a eu le courage d'exprimer dans sa musique le malheur des peuples victimes de la barbarie totalitaire, de dénoncer les forces obscures qui anéantissaient des millions de vies humaines. Sa musique est devenue un soutien moral pour tous ceux qui ont été persécutés. Sa foi inébranlable en la justice transforma son oeuvre en une arme spirituelle qui stimulait l'esprit de la résistance pour la liberté.

Dimitri Chostakovitch, considéré par beaucoup comme le Beethoven du 20ème siècle a composé 15 symphonies, 15 quatuors à cordes, le Quintette, 6 concertos, 3 opéras, 3 ballets, un oratorio, des mélodies, des trios, et de nombreuses œuvres pour piano, orchestre, chœurs.

L'œuvre magnifique qu'est le Quintette avec piano en sol mineur, fut composée en1940 à Moscou à la demande du Quatuor Beethoven qui en fit la première le 23 novembre 1940 au Conservatoire de Moscou avec le compositeur au piano. Chostakovitch, bien que censuré les années précédentes par le pouvoir soviétique, reçut en 1941 le Prix Staline pour ce quintette.
Chostakovitch termina sa carrière de pianiste concertiste dans les années 1960 avec l'interprétation de cette œuvre.
1- Prélude, lento 2- Fugue, adagio 3- Scherzo, allegretto 4- Intermezzo, lento 5- Finale, allegretto




Les deux premiers mouvements se jouent comme seul mouvement adoptant la forme classique occidentale du prélude et fugue. Chostakovitch réussit à unir cette difficulté formelle (contrepoint et polyphonie) avec la tradition de la musique russe plus mélodique. Heinrich Neuhaus : « Chostakovitch a donné un si bel exemple de ce style que c'est à lui seul que l'on peut appliquer la formule : égaler Bach. »


Cette musique va vous surprendre pas sa puissance, ses dissonances, ses contrastes parfois violents, ses passages d'une douceur infinie. Ne vous raidissez pas, laissez vous capter par ce compositeur génial. Je vous citerai ce que disait Hector Berlioz sur la musique par l'intermédiaire de son personnage Lelio (dans la suite de la Symphonie fantastique) : « Les plus cruels ennemis du génie ne sont pas ceux auxquels la nature a refusé le sentiment du vrai et du beau. Pour ceux-là même, avec le temps, la lumière se fait quelquefois. Non, ce sont ces tristes habitants du temple de la routine, prêtre fanatiques, qui sacrifieraient à leur stupide déesse les plus sublimes idées neuves, s'il leur était donné d'en avoir jamais; ces jeunes théoriciens de quatre-vingts ans, vivant au milieu d'un océan de préjugés et persuadés que le monde finit avec les rivages de leur île, ces vieux libertins de tout âge qui ordonnent à la musique de les caresser, de les divertir, n'admettant point que la chaste muse puisse avoir une plus noble mission. »
La deuxième partie vous sera proposée par notre ami Yannis BOUVET qui vous proposera de nouvelles compositions et interprétations, toujours aussi virtuoses et d'une extrême sensibilité, utilisant les possibilités de ce merveilleux instrument qu'est le piano.


Comme toujours, les musiciens jouent bénévolement. Les bénéfices de ces concerts seront versés à l’Association "De l'espoir pour Yanis" fils d'un pompier d'Aix en Provence, âgé de 4 ans et atteint d'une maladie neurologique nécessitant des soins et une rééducation à l'étranger particulièrement coûteux afin que Yanis puisse marcher.

Les deux représentations auront lieu dans la Salle des États de Provence, dans la Mairie d’Aix en Provence, le vendredi 16mai à 21 h, et le samedi 17mai à 18 h.
Ainsi, dans une même manifestation, s’associeront la Musique, la Médecine et l’aide aux malades.
Informations sur : http ://musimed.blogspot.com
Il est vivement conseillé de réserver vos places à l'avance :
  • soit en venant les retirer directement :
- à l'Office du Tourisme
- au Centre Médical "Les Lierres", avenue Gaston Berger, Tél : 04 42 26 63 57 ou 04 42 22 49 95
  • soit en envoyant un chèque libellé au nom de “Musique et Médecine au Pays d'Aix”, au Centre Médical "Les Lierres", avenue Gaston Berger , 13100-Aix en Provence.
Les places vous seront expédiées par courrier ou mises à votre disposition à l'entrée de la salle le jour du concert, selon votre désir.

Le prix de l'entrée est de 15 € pour les adultes, 8 € pour les enfants et étudiants.